Le prix du repos

crédit photo © animam aedificantes tous droits réservés
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Fiche

Monologue masculin de théâtre

Ecriture : David R Belair

Année : 2002 

 

Disponible dans le recueil RESISTANCE

Tome V des œuvres complètes de l'auteur 

Année 2012 - 110 pages 

Résumé

Un homme, la quarantaine passée, se demande si il doit encore croire en son destin, en la vie, en l'amour ou se résigner à vivre seul loin de tout système corrompu.

Représentations

Mise en scène : David R Belair

Distribution :
Thierry Bary
Danseuses : 
Agnès Akopian
Agathe Berne
Florence Boog
Pascale Boone
Marine Tuja

Production : Imrand Production 

  • Théâtre le Bahut - Arcueil (2003)

Extraits

Travailler sur les bateaux pour gagner de quoi  manger, de quoi boire et de quoi dormir, tôt ou tard je finirai avec un coup de couteau à l'estomac un soir de bal populaire pour avoir refusé qu'on me marche sur les pieds, on m'emmènera en prison parce que j'aurai tabasser un voleur qui s'en sera pris à un plus pauvre que lui, un jour au ciel profondément gris et houleux, envoûté par une angoisse supérieure, je me jetterai à la mer, un médecin pendant une banale visite médicale me présentera ses excuses pour m'avouer qu'un cancer me gangrène et que je n'en ai plus pour longtemps !
Merde ! Voilà la vie !
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O...  J'ai trop aimé, les discrets, les timides, les francs, les humbles, les justes, les silencieux, les gens entiers, engagés, dynamiques, passionnés, ceux qui ne souciaient guère de ce que font les autres, j'ai trop haï la médisance et les bavardages intempestifs, mais le mouvement, l'action, la complicité, le silence, les mains qui se frôlent et se resserrent, j'ai aimé cela...
J'ai trop haï l'injustice, la bêtise, la méchanceté, j'ai trop regardé d'enfants rire et courir et des parents se déchirer ou se prendre par la taille, j'ai trop contemplé la haine désespérée avec laquelle des hommes s'entretuaient ou l'extraordinaire compassion d'autres qui restaient pour s'entraider tandis que des bombes pleuvaient, j'ai trop aimé, la nuit, les ballades champêtres ou le long de boulevards des grandes villes, le long des ports, avec des images dans la tête, avec une chanson dans le coeur...
Maladroitement, innocemment, sauvagement, j'ai trop voulu ressentir le sentiment de l'existence, le souffle de la vie... si j'avais eu ce don d'écrire, j'en aurai fait ma vie, on m'a trompé... nous avons toujours été seuls, avec notre histoire liée à notre âge et liée à notre époque, avec nos désespérances, avec nos fantômes, avec nos attentes, nos illusions et nos défaites, seuls, impuissants à se soutenir les uns et les autres et nous nous sommes retrouvés comme au premier jour...
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Sois heureux
Sois heureux ! comme me criait mon grand-père tandis que l'auto s'éloignait
M'emportant sur la banquette arrière
A côté d'un petit ours en peluche malade et de barquettes de prunes et de fraises
Il me saluait de la main
Comme si j'étais dans un train et qu'il était sur le quai
Sur sa veste traînait encore l'odeur du viandox
Et dans son regard
La tendresse du mal aimé
Le regard de l'homme qui n'a jamais compris
Qui ne saura jamais
De quels coups il a été roué
Par quelles faiblesses il a été vaincu 
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Elle était là, à mes côtés, elle me regardait, elle m'attendait ! Ah bon sang ! Tournée toute entière vers moi !
Ce fut un des rares moments de ma vie où je devais être en paix, oui, où je goûtais la paix infinie, profonde et d’amour, lorsqu'elle m'a dit "je viens avec toi"... Mon Dieu !
Emma, un soir que l'on rentrait vers mon appartement, elle s'arrêta, lâcha ma main, se mit face à moi, me saisit par le col et dans le silence des siècles où tant de sang et de misères ont sévi, elle m'a dit "i love you" ... et je compris combien c'était vrai, que cette fille là, à ce moment là m'aimait, m'aimait vraiment... Je n'ai pas su quoi dire alors je l'ai embrassé, je l'ai pris dans mes bras et puis je l'ai porté, je l'ai emmené oui...
Quelle vie ! 

©  2002 - Sacd - Belair - Tous droits de reproduction interdit sans l'accord de l'auteur

Notes de Mr Belair

Ma première pièce écrite.

Nous étions en juillet 2002. Grâce à ma compagne de l'époque je rencontrais Patrick Simon Dorr, auteur et metteur en scène qui gérait un festival de théâtre court. A la suite d'un entretien amical comme je lui énonçais mon envie d'écrire une pièce alors que je ne m'étais pas encore approcher du genre, il me proposa de la lire si je l'écrivais, et de l'inscrire même si elle lui plaisait, pour le prochain festival qu'il dirigeait en janvier 2003. Tout se déroula ainsi. Entre temps j'enrôlais la responsabilité de metteur en scène après celle de réalisateur. J'aimais immédiatement ce nouveau poste. 

Le texte fut écrit d'une traite en deux heures environ.

Notre pièce eut un très bon accueil au milieu des autres. Déjà l'écriture avait frappé les spectateurs ainsi que l'interprétation sensible de Thierry Bary. Dans la mise en scène j'avais intégré la présence de comédiennes qui apparaissaient à divers endroits comme danseuses. C'était une très bonne idée, le public apprécia également. J'ai dessiné les contours d'une chorégraphie dont j'avais laissé le soin aux filles ensuite de développer. 

Deux ans plus tard tandis que j'étais en exil un temps loin de Paris, le personnage reprit vie et une suite au texte initial fut ajouté. Cette version intégrale n'a pas encore été mise en scène à ce jour.

Avis du public

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