Pièce de théâtre
2 personnages (féminin masculin)
Ecriture : David R Belair
Année 2010
Un jour, l’amour s’en va, pourtant hier il était là, aujourd’hui il est encore là alors comment peut-on ne pas le retenir ?
ELEONORE
Qu’est ce que tu fais ? Guillaume qu’est ce que tu fais ?
GUILLAUME
Je lis de la poésie
Il tourne les pages dans un sens puis dans un autre.
GUILLAUME
Eh bien je préfère ses pièces, il y a un peu plus d’action au moins. Ca bouge, ca vibre, ca crie. Ses poèmes sont un peu ternes finalement, même si il y a des
moments de fulgurance presque beaux
ELEONORE
Presque
GUILLAUME
Tu vois moi si je l’ai respecté c’est à travers tes mots, à travers tes yeux, tes yeux de dix huit ans qui en ont maintenant trente trois et puis à travers ses
mots. Je me suis dit qu’un type qui écrit des choses aussi tristes, aussi sincères, aussi dénudées ne pouvait être au delà de sa sensibilité, qu’un écorché mais un écorché digne, enfin avec des
convictions, avec une morale, je ne sais pas moi un truc...Enfin quoi ! Qu’il était artiste, qui l’était là pour les autres et pas pour réquisitionner des corps perdus, enfin quand même
ELEONORE
C’est moi le corps perdu ?
GUILLAUME
Je ne sais pas Eléonore, je ne sais pas, un morceau de ton esprit oui à ce que tu me dis, je voulais dire que je pensais qu’il était différent, pas un pourvoyeur de
jupons ou au moins pas ceux de ses amis, pas celui d’une femme qu’il dit chérir depuis toujours
ELEONORE
C’est moi le corps perdu, le jupon ? C’est moi le jupon ? Des fois tu ferais mieux de réfléchir avant de parler
GUILLAUME
(Hors de lui)
Mais je n’arrive pas à réfléchir, tu comprends ça ? Vous me faites souffrir tous les deux
ELEONORE
Et vous n’êtes pas amis Guillaume et non, il n’est pas comme ça, enfin avec moi, je ne suis pas une conquête de plus alors calme toi
GUILLAUME
Il ne s’est rien passé ?
ELEONORE
Qu’est ce que tu sais de lui Guillaume, arrête de te torturer je t’en prie
GUILLAUME
Je ne me torture pas je veux comprendre
ELEONORE
Ah tu ne te torture pas ?
GUILLAUME
Non vois-tu c’est une différence qu’il existe entre vous les femmes et nous les hommes, quand on se creuse les méninges et même qu’on creuse dans notre cœur ce
n’est pas parce qu’on aime à s’apitoyer et adorer cet état sublime de félicité désespérée, non c’est qu’on veut comprendre comment cela fonctionne le truc, le truc qui fait que notre femme se
réveille un matin et tombe complètement en admiration et plus encore, complètement chamboulée, chavirée, troublée, éprise par les mots d’un type qu’elle n’a pas vu depuis plus de quinze ans et
qui jurait pourtant que sa mémoire était rangée et son cœur mis à neuf lorsqu’elle m’a rencontrée et épousée, j’essaie de comprendre cela vois-tu ?
ELEONORE
J’ai essayé de t’expliquer pourtant
GUILLAUME
Dis-moi encore
ELEONORE
Là tu ne te tortures pas ?
GUILLAUME
Non, non je cherche, c’est pour relier toutes mes impressions ensemble, vas-y, vas-y mon bébé je t’en prie
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